Penser/panser la mise à mal du processus de deuil chez les proches de personnes disparues : quels enjeux cliniques ?

La disparition forcée de personnes constitue une atteinte majeure aux droits humains. Privés d’informations officielles, les proches sont confrontés à un interdit de savoir ce qui est advenu d'un être cher. Ils sont durablement plongés dans l’incertitude, le doute, l’angoisse. Comment vivent-ils la perte singulière que cette situation génère ? Quelles sont les répercussions subjectives, familiales, groupales d'une telle confrontation inédite ? Comment penser/panser le gel du processus de deuil chez les proches de disparus ? Quelle peut être la portée subjectivante d'une prise de parole pour témoigner publiquement de cette forme de violence particulière ? En quoi le fait  de prendre la parole et de témoigner publiquement sur ce crime pourrait-il être bénéfique pour les familles de proches ?

Lors de cette conférence, nous reviendrons sur les entretiens que nous avons conduit avec des proches de disparus latino-américains qui vivent en exil. Il y a 50 ans, ils ont tous perdu un membre de leur famille dans le contexte de la répression politique orchestrée à large échelle par les juntes militaires au pouvoir (opération Condor). Les témoignages recueillis permettent d'éclairer les enjeux de la rencontre clinique avec des proches de disparus qui sont aux prises avec la portée interminable de ce crime. Des pistes de réflexion autour de la prise en charge seront ouvertes, en questionnant les ressources à mobiliser.